Le Saule au Jardin Expérimental de Biodiversio

Le Saule au Jardin Expérimental de Biodiversio

L’origine étymologique à la fois celtique et indo-européenne nous décrit l’arbre qui est proche de
l’eau et dont le bois est flexible.

C’est l’arbre du passé et celui du futur. C’est l’arbre de vie, de la fécondité, de l’immortalité. Celui qui se bouture à l’infini.


C’est l’arbre qui se tresse en paniers ou en couffins, se sculpte en sabots ou en figurines, se
transforme en outils pour les manches ou en crayon à dessin sous forme de bois calciné, le fusain.
Il structure les petits bateaux, les abris de jardin, les bords de rivières et les paysages. C’est celui
qui dépollue les sols, en particulier des métaux lourds. C’est celui de la pharmacopée des
modernes et des anciens, dont le produit de l’écorce, utilisé depuis des temps immémoriaux, a été
copié pour donner l’aspirine. Nous avons aussi contrefait, de manière industrielle, le principe actif
de l’eau de saule, celle qui facilite les boutures de végétaux et que nous avons appelé auxine ou
hormone de bouturage. Il est à la fois source d’antalgique, d’anti inflammatoire et d’antiseptique.


Nous avons également imité l’usage qu’en font les castors, ses mangeurs d’écorces, les premiers
à avoir créer l’osiériculture. Ce sont eux qui nous ont montrer que cet arbre supporte très bien les
coupes et peut facilement maintenir les berges de nos rivières. Nous avons ainsi sélectionner des
races de saules comme nous l’avons fait avec les races bovines. Nous avons inventer le saule
têtard, à la fois pour disposer d’une réserve de bois naturellement renouvelée que pour créer les
bornes qui délimitent nos prairies. De son écorce, on a également tirer des fibres pour avoir à
disposition ficelle et corde, voire un succédané alimentaire et de son feuillage, du fourrage pour les
animaux.


Les saules sont sources de biodiversité. Ils servent directement de restaurant, d’abris et de
pouponnière à des centaines d’espèces animales et indirectement de lieu d’élevage. Par exemple,
pour des pucerons surveillés par des fourmis et dont le miellat sera recherché par les abeilles et
les guêpes, voire aussi, d’élevage de cochenilles dont va se délecter la Coccinelle des saules.

Tous ces insectes vont à leur tour attirer d’autres prédateurs, araignées, oiseaux et mammifères.
Les vieux saules vont ainsi servir de HLM avec tout en haut, les écureuils puis les pics, les
mésanges, les chouettes, les chauves souris, puis en rez de chaussée, les hérissons, couleuvres
et salamandres et enfin à la cave, vers de terre, mollusques et crustacés.


Le jardin expérimental de Biodiversio a été créé à partir des années 2012, suite à une
regroupement de parcelles pour aboutir à un 1 ha environ, sur 100 m de rivière.


Plus de 800 espèces de ligneux ont été plantés en haies et sont toujours plantés chaque année
afin d’avoir plusieurs générations d’arbres en même temps, le meilleur remède contre toutes
variations climatiques.


Ces arbres, lianes et arbustes ont principalement été choisis par rapport à leur attrait pour les
chenilles de plusieurs espèces de papillons. Dans cette catégorie, les chênes et les saules
remportent la palme pour abriter un maximum d’insectes.


Ainsi, plus de 400 papillons ont un saule pour plante hôte dont une trentaine pour le saule blanc,
une cinquantaine pour le saule à oreillette et plus d’une centaine pour les saule marsault.


Voir ce site britannique qui, entre autre, liste les plantes avec les chenilles qu’elles hébergent.

Historiquement, un saule blanc hors d’âge, existe ici. Il a été planté pour borner l’une des parcelles
et c’est ressemer sur l’ancienne décharge communale qui déborde sur le jardin. C’est le saule qui
a la plus longue longévité naturelle, 120 ans, avant bouturage.


Le fait d’avoir créer des prairies non fauchées, à la place d’une prairie à poneys et d’une pelouse
tondue, a permis à de nombreuses graines d’arbres de germer, dont celles du saule marsault,
espèce pionnière qui aime coloniser tout endroit libre et qu’il faut arracher pour garder un espace
ouvert.


Il existe plus de 70 espèces de saules en Europe, 350 dans le monde et environ, du fait de semis
spontanés, 25 au jardin de Biodiversio.


Leur floraison en chatons est à la fois esthétique et utile, car ces derniers sont très mellifères.


Ainsi, à la fin de l’hiver, deux espèces d’abeilles sauvages sont visibles sur les 1 ers chatons, ceux
d’un saule originaire de Corée, le saule koriyanagi. Ce sont Colletes cunicularius puis Andrena
vaga, des abeilles dites oligolectiques, car elles ne butinent qu’un seul genre de plante à fleur, ici
les saules.


A la fin de l’été, ce sera la femelle d’une petite libellule verte, Lestes viridis, qui cherchera le bois
tendre du saule pour y pondre ses œufs. Ceux-ci vont y hiverner sous forme de galles ovales,
dans l'écorce de fines branches choisies au dessus d’une mare. Au printemps suivant, l’éclosion
des œufs libérera des « bébés» qui tomberont dans l’eau pour y effectuer leur cycle classique de
larve de libellule.


Mais le saule est également utilisé ici comme matériau naturel et ludique, pour créer du broyat,
des perches ou des cabanes éducatives .

Saule faux daphné constitué en tipi vivant au jardin de Biodiversio

Saule vinimalis ou saule osier, tressé pour former un igloo au jardin de Biodiversio

C’est pourquoi le saule des vanniers, Salix viminalis, y a été planté et taillé rapidement pour former
des trognes pourvoyeuses d’osier, utilisé pour créer un igloo. D’autres saules, dont un saule aux
superbes chatons, Salix daphnoides, ont servit à créer un Tipi. Un saule marsault d’origine
naturelle a lui, été travaillé en cabane et enfin Salix pentandra, le saule à feuilles de laurier, a été
constitué en mur d’escalade pour apprentis grimpeurs.


Trogne est l’appellation donné en Région Centre aux saules étêter et appelé de ce fait, têtards par
ailleurs. Plus d’une centaine de noms ont été répertoriés en Europe. Cette technique consiste à
créer un « taillis suspendus » que l’on a redécouvert chez nos amis japonais qui parle de Daisugi,
d’arbre-forêts.

La trogne est un arbre dont rien ne se perd. Tout y est utilisé à partir d’un simple tronc sur racines,
aussi bien pour fournir des bûches que des fagots.


Les saules servent également de régulateur climatique et hydrique, maintiennent les berges des
rivières et améliorent la qualité de l’eau.

Avec les « têtards », ils sont l’emblème des zones humides et de l’usage ancestral de la
biodiversité.


L’abattage de ces arbres ne peut être facilement remplacé par la plantation de linéaires de haie qui
mettront des dizaines d’années à trouver un nouvel équilibre. Le comptage comptable et théorique
de la compensation carbone fait passer à la trappe la disparitions de centaines d’espèces
animales liées à ces vétérans.