Biodiversio, royaume des pollinisateurs, mais pas que...

Biodiversio, royaume des pollinisateurs, mais pas que...

A l’origine du jardin, un choix d’arbres et d’arbustes pour les chenilles

Le jardin de Biodiversio a été constitué dans un 1er temps pour y accueillir le maximum d’espèces de papillons, donc de chenilles. Pour cela, un choix de végétaux le plus large possible, à commencer par des arbustes et des arbres, ont été choisis et plantés.

L’objectif est aujourd’hui réussi, l’une des preuves est la présence de 18 espèces différentes de chauve-souris. En effet, sur les 5000 espèces de papillons présentes en France, 95 % sont nocturnes ! 

Qui dit papillons, dit pollinisateurs, pense abeilles !

De fait, les abeilles, dont un peu moins de 1000 espèces se trouvent dans nos régions, ont profité de cette nouvelle richesse botanique locale.

Pour les papillons, le choix des végétaux s'est porté, non pas sur les fleurs, mais sur les feuilles dont se nourrissent les chenilles. Pour les abeilles, nous avons enrichi la palette végétale en tenant compte de leurs besoins spécifiques, à savoir, des matériaux pour la construction de leurs nids (feuilles, boue,fibres végétales particulières…), pour l’emplacement de leurs nids (sol meuble mais pas trop, bois mort plus ou moins décomposé, chaume de végétaux verticaux ou horizontaux,...), mais aussi un choix de pollen pour leur larve et enfin, un choix de nectar pour les nourrir.

Le choix initial pour les papillons a déjà contenté bon nombre de butineurs. En effet, parmi les arbres dont les feuilles sont gloutonnement absorbées par les larves des lépidoptères, il y a les saules, dont une trentaine d’espèces ont été plantées, offrant aux abeilles une large étendue temporelle de floraison, de février à juillet, voire…octobre ! (voir le livre de référence écrit par Dominique Brochet aux éditions de Terran : “Le Saule, la plante aux mille pouvoirs”) 

Qui dit papillons, dit butineurs, dit abeilles

Le sol du jardin est ici argileux et acide. Pour attirer un plus grand nombre d’espèces d’abeilles, nous avons créé des zones sèches et calcaires pour accroître le nombre de plantes, avec celles qui préfèrent le calcaire et qui sont très mellifères comme par exemple, celles de la grande famille des lamiacées, tels les romarins, teucrium, sauges, thyms, origans, phlomis, nepetas, stachys et j’en passe.

En effet, il faut distinguer les abeilles en 3 groupes. Celles qui mangent à tous les râteliers comme l’abeille domestique, celles qui ne mangent que dans des restaurants spécialisés et enfin celles qui dépendent d'une spécialité locale bien précise.

Ensuite, il faut comprendre que les fleurs apportent 2 types d’aliments pour les abeilles, le nectar et le pollen. Le nectar est une gourmandise énergétique fabriquée par les plantes afin que des insectes comme les abeilles soient motivés pour les visiter et transporter, souvent à leur insu, leur pollen d’une fleur à l’autre. Ainsi, les insectes améliorent la survie des plantes nectarifères par un brassage génétique.

Les abeilles domestiques vont utiliser le nectar, mais aussi d’autres sécrétions sucrées de plantes et du miellat d’insectes comme celui des pucerons, pour fabriquer le miel, qui n’est qu’une réserve alimentaire pour passer les mois sans fleurs. Le pollen va être utilisé exclusivement pour nourrir les couvains, même si on en retrouve des traces dans le miel. En effet, le nectar est aspiré par la langue des abeilles, plus ou moins longues et larges suivant les espèces, puis transporté à la ruche pour les abeilles sociales, dans leur jabot. Alors que les milliers de grains de pollen sont mis en pelote à l’aide de leur salive et transportés au niveau des pattes arrière ou de l’abdomen, suivant les différentes espèces d’abeilles.

Il y abeille et abeilles, l’abeille des villes et l’abeille des champs

Si l’abeille domestique est visible quasiment 10 mois sur 12, surtout en absence de froid, les abeilles sauvages, elles, n’apparaîtront que quelques semaines, à une période de l’année qui correspondra à l’ouverture de leurs fleurs préférées.

Ainsi, par exemple, l’année peut débuter avec la Collecte des sablières, sur les saules et se terminer avec la Collecte du lierre, sur le...lierre . Si une abeille domestique va vivre 6 semaines en été, après un état larvaire qui dure un peu plus d’un mois pour une ouvrière (la reine peut vivre 3 à 5 ans), une abeille sauvage aura un cycle de 12 mois débutant par un stade larvaire identique, puis par un stade appelé diapause, pendant lequel, l’adulte aura une vie ralentie dans l’attente de sortir de son nid au moment de la floraison de leurs plantes hôtes.

Généralement, se sont les mâles, aux antennes plus longues, qui apparaîtront les 1ers, puis les femelles. De leur côté, les plantes qui ont co évolué avec ces abeilles, auront développé des stratagèmes pour attirer les mâles esseulés et ainsi assurer leur fécondation croisée. Parmi ces ruses, ces fleurs vont émettre des signaux odorifiques ou visuels proches de ceux émis normalement par l’individu de sexe opposé... et encore absent car encore en diapause.

S’il y a différentes abeilles, il n’y a qu’une chaîne de restaurant pour toutes, la prairie

Cette coévolution aboutit à une interaction forte entre une espèce d’abeille et une espèce de fleur. L’une ne pourra survivre d’une année à l’autre et nourrir son couvain qu’avec le pollen cette fleur et la survie de la plante sera parfois également liée à la présence de l’abeille. Au jardin, on aura ainsi, entre autres, l’abeille de la Lysimaque au printemps, l’abeille de la salicaire l’été et l’abeille du lierre en début d’automne. (voir photos)

Cette coévolution et la perte continue de nos prairies (l’équivalent d’un stade de foot disparaît toutes les 6 minutes en France) font que les abeilles domestiques deviennent des concurrentes déloyales des abeilles sauvages et provoquent la disparition de certaines d'entre elles et de leur plante hôte.

En effet, l’augmentation du nombre de ruches par le phénomène de mode actuel chez les particuliers (les apiculteurs professionnels disparaissent avec la difficile rentabilité des élevages d’abeilles), le fait qu’une abeille domestique peut rechercher une fleur entre 3 et 5 km de sa ruche (soit un rayon d’action couvrant une superficie de 50 km² là où l’abeille sauvage ne couvre même pas 1 km²) et la disparition des fleurs tout au long de l’année font qu’il n’y a plus assez à manger pour tout le monde.

Notre conseil au jardin est de choisir des plantes locales (voire européennes) qui auront des périodes différentes de floraison, entre mars et octobre.

Des plantes adaptées à un grand nombre d’abeilles : 

Voici une liste de vivaces intéressantes pour les abeilles, qui complétera les arbres :

  • Acanthus mollis, spinosus – Acanthes
  • Achillea millefolium, crithmifolia, nobilis, coarctata (jaune)
  • Agastache rugosa
  • Ajuga reptans, pyramidalis
  • Allium
  • Angelica sylvestris , archangelica, gigas
  • Anthemis tinctoria
  • Armeria maritima
  • Artemisia camphorata
  • Carduus nutans - chardon penché
  • Carex flacca, testacea, oshimensis
  • Catananche caerulea
  • Centaurea bella, simplicicaulis, ragusina, montana, jacea, aspera, cyanus, nigrescens, scabiosa, uniflora, dealbata, stoebe,
  • Cichorium intybus - Chicorée sauvage
  • Coronilla varia
  • Dipsacus sylvestris – cardère
  • Dorycnium pentaphyllum, germanicum
  • Echinops ritro
  • Echium vulgare – viperine
  • Erigeron karvinskianus
  • Erysimum bowles mauve
  • Eupatorium maculatum – sol ordinaire mais frais
  • Euphorbia myrsinites (petite), characias (grande)
  • Festuca glauca
  • Foeniculum officinale - Fenouil
  • Galium verum, (le gaillet vrai – jaune)
  • Helictotrichon sempervirens – avoine vivace
  • Heracleum sphondylium – berce commune
  • Juncus sp
  • Knautia karvensis, macedonica
  • Lathyrus sp
  • Leucanthemum x superbum – grande marguerite
  • Lotus corniculatus
  • Lunaria annua
  • Luzula sylvatica – Luzule des bois
  • Lychnis coronaria, coquelourde
  • Melissa officinalis
  • Muhlenbergia ringens – grande graminée ultra rustique
  • Nepeta sp
  • Onobrychis viciifolia - Sainfoin cultivé
  • Origanum vulgare, laevigatum – Origan
  • Papaver sp – coquelicots
  • Pastinaca sativa - Panais cultivé
  • Phlomis fruticosa
  • Pycnanthemum muticum (menthe d’amériques)
  • Reseda luteola,
  • Salvia officinalis, nemorosa, pratensis, rosmarinus, sclarea
  • Satureja hortensis, montana - sarriette
  • Scabiosa columbaria, atropurpurea, stelatta
  • Sedum sp
  • Stachys byzantina , germanica, grandiflora,
  • Stipa barbata - Stipe plumeuse
  • Symphytum officinale – bonne terre
  • Tanacetum vulgare – Tanaisie
  • Teucrium ackermanii, hircanicum, scorodonia – Germandrée
  • Thymus sp
  • Verbascum thapsus, nigrum (bouillon blanc et Molène)
  • Verbena officinalis (verveine)

Cultivons la nature !