Histoires de fleurs et de butineurs

Histoires de fleurs et de butineurs

On ne s’en rend pas compte, mais dès février des fleurs apparaissent. Et comme les fleurs sont issues de l’évolution conjointe de la plante et des insectes, dès le mois de février, nous avons des butineurs.

Ces butineurs sont souvent des abeilles solitaires, par exemple, spécialisées sur les fleurs de saules, comme la Colette lapin. Cette abeille porte ce nom, car comme la majorité des abeilles sauvages, elle creuse son nid dans le sol, à la manière d’un lapin.

Au jardin expérimental de Biodiversio, une petite trentaine d’espèces de saules a été plantées afin d’accroître la période de floraison de ces arbres, le 1er à fleurir étant un saule coréen ! (parfois couvert d’abeilles déboussolées avec les variations climatiques!)

A côté des arbres, des pétasites ont été mis à la disposition des premiers butineurs, abeilles, bourdons et syrphes. Il s’agit du petit pétasite, dit odorant ou des pyrénées et du grand pétasite, appelé également pétasite hybride. A eux deux, ils couvrent jusqu’à 3 mois de floraison, de janvier à fin mars.

Beaucoup d’autres fleurs apparaissent naturellement, entre les pissenlits et les pâquerettes. On trouve dans les endroits plus humides et ombragés de petites fleurs jaunes au mois de mars, celles de la Ficaire fausse-renoncule (Ficaria verna). 

Cette jolie fleur peut être le début et la fin de vie d’un coléoptère à la couleur violette, le Méloé violacé ou Méloé enfle-boeuf. Ainsi, on trouve régulièrement des Méloé en train de dévorer goulument les feuilles de la ficaire. La particularité de ce coléoptère est l’abdomen démesuré de la femelle qui contient 2 à 4000 œufs qui seront pondus dans le sol, à l’ombre des ficaires, à côté des pâquerettes et autres pissenlits. A l’éclosion, les bébés ressemblent à de petits insectes avec leurs 6 pattes. A plusieurs, ils vont grimper sur la corolle et attendre le passage d’une abeille solitaire pour s’y agripper et continuer leur cycle de vie. Or, ils ne font pas la distinction entre les différents butineurs,  s'accrochent à tout ce qui passe et c’est bien dommage pour eux. En effet, leur prochain objectif est d’arriver dans la loge préparée par l’abeille solitaire, pour se nourrir de l'œuf de l’abeille et de ses réserves de pollen et de miel. Ils se seront alors transformés en une seconde forme de larve qui ressemble à un asticot. Après une nouvelle mue, la larve quitte le nid de l’abeille et après 2 nouvelles mues, elle entrera en nymphose pour donner finalement l’adulte sous sa forme de Méloé ! Le faible taux de réussite de cette drôle de vie explique le nombre important d'œufs pondus par ce coléoptère violacé. 

On avait le problème de l'œuf et de la poule, ici, on a celui de la Ficaire, le Méloé et l’abeille solitaire ! 

https://curieusenature.wordpress.com/2018/11/28/letrange-histoire-de-meloe/

https://www.quelestcetanimal.com/coleopteres/le-meloe-enfle-boeuf/