COP 15 : accord historique de Kunming-Montréal

COP 15 : accord historique de Kunming-Montréal

30 % de la planète protégée

C'est l'objectif phare du texte : « que, d'ici à 2030, au moins 30 % des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines (...) soient efficacement conservées et gérées ». Contre 17 % des terres et 8 % des mers aujourd’hui protégées.

La préservation de 30 % des terres et des mers, c'est ce que nous avions déjà en Europe avec la stratégie européenne en faveur de la nature. C'est une coalition de 110 pays qui défendait cette proposition. L’Europe a été inspirante.

20 milliards d'aides internationales

Les pays riches devront fournir « au moins 20 milliards de dollars par an d'ici à 2025, et au moins 30 milliards de dollars par an d'ici à 2030 ». Soit près du double puis du triple de l'aide internationale actuellement versée en faveur de la biodiversité.

Restaurer 30 % des terres dégradées

Un tiers des terres émergées sont « modérément ou fortement dégradées » par l'activité humaine, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Afin de remédier à cette situation, l’accord prévoit « que, d'ici à 2030, au moins 30 % des écosystèmes terrestres, de mers intérieures et d'écosystèmes côtiers et marins dégradés fassent l'objet d'une restauration effective ».

Réduire les pesticides

La réduction des pesticides était mal partie au début des négociations. Pourtant, les insectes assurent la pollinisation de plus de 75 % des espèces végétales cultivées dans le monde. Cela monte même à 84 % des cultures pour l’Europe. La valeur des cultures dépendant des pollinisateurs dans le monde s’estime entre 200 et 500 milliards d’euros chaque année.

Sachant qu’il y a désormais un consensus sur la reconnaissance de l’importante responsabilité des engrais et des pesticides sur la perte de biodiversité, en particulier chez les insectes. Ainsi, on observe une diminution très marquée des pollinisateurs [abeilles, bourdons, etc.] dans beaucoup de régions du monde.

Si l’Europe continue à exporter des substances interdites sur son sol, quand en France, les ventes des pesticides n'ont pas diminué malgré les plans Ecophyto, l’Europe s’est montrée volontariste dans la réduction des pesticides et un long bras de fer a opposé l'Union européenne à des pays comme le Brésil, l'Inde ou l'Indonésie. Au final, l'accord prévoit de « réduire les risques de pollution et l'impact négatif de la pollution de toutes les sources, d'ici à 2030, à des niveaux qui ne sont pas nuisibles à la biodiversité ».

 

Pour y parvenir, les signataires doivent, entre autres « réduire de moitié, au moins, le risque global lié aux pesticides et aux produits chimiques hautement dangereux » notamment par la lutte contre les parasites, en tenant compte de la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance. Enfin, les pays doivent également « prévenir, réduire et travailler à l'élimination de la pollution plastique. »

 

23 cibles ont été adoptées

Parmi elles, nous retenons en particulier celles qui s’inscrivent dans la raison d’être de Biodiversio.

CIBLE 1 : Planification spatiale

Diminuer à « près de zéro » la perte des aires très riches en biodiversité d’ici 2030.

CIBLE 2 : Restauration

Veiller à ce que d'ici 2030, au moins 30 % des zones dégradées fassent l'objet d'une restauration efficace.

CIBLE 3 : Protection des espaces terrestres et marins

Protéger d'ici 2030, au moins 30 % des terres et des mers.

CIBLE 4 : Gestion pour la conservation des espèces et de la diversité génétique

Stopper l'extinction induite par l'homme d'espèces menacées et favoriser le rétablissement des espèces, en particulier les espèces menacées.

CIBLE 6 : Prévenir et réduire les espèces invasives

Éliminer, minimiser, réduire et/ou atténuer les impacts des espèces exotiques envahissantes sur la biodiversité et diminuer de 50 % les taux d’introduction de ces espèces d’ici 2030.

CIBLE 7 : Réduire les pollutions

Réduire les risques de pollution et l'impact négatif de la pollution de toutes sources, d'ici 2030, à des niveaux qui ne sont pas nuisibles à la biodiversité ; réduire d'au moins la moitié les pertes de nutriments dans l'environnement (engrais) ; réduire de moitié au moins le risque global lié aux pesticides et aux produits chimiques hautement dangereux ; et aussi prévenir, réduire et travailler à l'élimination de la pollution plastique.

CIBLE 8 : Minimiser les impacts du changement climatique

Minimiser l'impact du changement climatique et de l'acidification des océans sur la biodiversité et augmenter sa résilience grâce à des actions d'atténuation, d'adaptation et de réduction des risques de catastrophe, y compris par le biais de "solutions fondées sur la nature" et/ou des "approches basées sur les écosystèmes".

CIBLE 9 : Assurer les bénéfices

Veiller à ce que la gestion et l'utilisation des espèces sauvages soient durables, offrant ainsi des avantages sociaux, économiques et environnementaux aux personnes qui en dépendent.

CIBLE 10 : garantir la gestion durable de tous les espaces

Veiller à ce que les zones agricoles, aquacoles, halieutiques et forestières soient gérées de manière durable (intensification durable, agroécologie...).

CIBLE 11 : Maintenir et augmenter les contributions de la nature

Restaurer, maintenir et améliorer les contributions de la nature aux populations, y compris les fonctions et services écosystémiques, tels que la régulation de l'air, de l'eau et du climat, la santé des sols, la pollinisation et la réduction du risque de maladie.

CIBLE 12 : Augmenter les espaces "verts et bleus" en zone urbaine

Augmenter considérablement la superficie, la qualité et la connectivité, l'accès et les avantages des espaces "verts" et "bleus" dans les zones urbaines et densément peuplées, et assurer une planification urbaine inclusive pour la biodiversité.

CIBLE 13 : Accès et partage des bénéfices

Assurer le partage juste et équitable des avantages découlant de l'utilisation des ressources génétiques et des informations sur les séquences numériques des ressources génétiques, ainsi que les connaissances traditionnelles associées aux ressources génétiques. D'ici 2030, faciliter une augmentation du partage de ces bénéfices.

CIBLE 14 : Intégration des valeurs de biodiversité dans les processus de décision

Intégrer pleinement la question de la biodiversité dans l’ensemble des politiques publiques, notamment celles liées au développement.

CIBLE 15 : Impact et dépendances des entreprises

Agir pour que les grandes entreprises rendent des comptes au sujet de leurs effets sur la biodiversité et réduisent leurs conséquences négatives sur la nature

CIBLE 22 : Inclusion

Assurer une représentation inclusive dans la prise de décisions au sujet de la biodiversité, dans le respect des femmes, des enfants, des jeunes, des Autochtones et des personnes handicapées.

CIBLE 23 : Genre

S’assurer que la mise en œuvre du cadre de l’accord de Kunming-Montréal est réalisée dans une perspective d’égalité des genres.

 

En conclusion

Bien évidemment, on pourrait faire encore beaucoup mieux. Mais ne boudons pas notre plaisir de voir enfin fixé un cadre international pour la préservation de la biodiversité. Depuis des années, la " vieille Europe", reste le continent le mieux-disant en protection environnementale et sociale. De nombreuses voix se sont élevées pour souvent critiquer l'Europe et ses exigences réglementaires plus contraignantes que partout ailleurs.

S’il ne fallait compter que sur la bonne volonté de quelques-uns et la conviction de quelques-autres, la biodiversité serait aujourd’hui en danger de mort. Ces réglementations, au-delà de leur poids, au-delà de leurs exigences, sont aussi des opportunités à saisir pour contribuer à un monde meilleur, à un monde plus responsable, plus durable.

Elles constituent un encouragement à mettre en œuvre le principe Responsabilité formulé par le philosophe Hans Jonas  « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur Terre ». Agissons !




Image principale: https://www.cbd.int/article/cop15-final-text-kunming-montreal-gbf-221222